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Rhedae (Rennes-le-Château)

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Henri Boudet (Curé de Rennes-les-Bains 1872-1914)

Rennes-le-Château (Texte de 1905)

Rennes-les-Bains aux XVIIIe siècle

 
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Page 5

 

(suite 4)

 

 

ARQUES

 

Archæ.

 

Le Château. – Le Prieuré

 

I.

 

La Tour de château d'Arques

 

 

                Par suite de la nouvelle division territoriale qui, à la suite de la guerre des Albigeois, fut organisée vers la fin du treizième siècle, dans la région qui portait le nom de Pays de Rhedez, Arques devint concurremment avec Couiza le chef-lieu d’une importante seigneurie. Il convient conséquemment de consacrer à cette localité une notice particulière dans le résultat de nos recherches sur le passé historique de cette contrée. D’un autre côté, Arques possédant un château encore debout, qui est un magnifique spécimen de l’architecture militaire du moyen-âge, se recommande, à ce titre, à toute l’attention des archéologues.

            On a beaucoup écrit sur le château d’Arques, mais nul historien n’a parlé du prieuré qui fut le berceau de ce village et dont on remarque encore quelques vestiges. Outre cette lacune, nous avons à signaler une confusion regrettable qui s’est établie par suite de la similitude des noms entre les lieux d’Arques et d’Arquettes-en-Val, désignés tous deux dans les anciennes chartes sous l’appellation de Archæ, Archas. Telles sont les causes qui ont induit en erreur les historiens et les chroniqueurs quand ils s’accordent tous à ne faire remonter qu’à la fin du treizième siècle la fondation du village d’Arques. Nous sommes loin de partager cette opinion, et nous avons tout lieu de croire que, comme Alet, Couiza, Axat et bien d’autres localités, la création d’Arques, date du septième siècle. Notre devoir d’historiographe, est de citer, aussi brièvement que possible, les preuves sur lesquelles nous nous appuyons en avançant cette assertion.

 

 

II.

 

 

            La vallée d’Arques a été pendant dix siècles ce qu’on peut appeler le sentier de la guerre, à partir de l’invasion des Wisigoths, jusqu’aux excursions des bandes errantes qui, sous le drapeau des Religionnaires, ravagèrent ce malheureux pays, il y a à peine quatre cents ans.

            Cette vallée historique a son point de départ sur les hauts plateaux des Corbières qui forment la ligne divisoire entre le Pays de Termes et le Pays de Rhedez ou Razès. Elle aboutit à Couiza où elle rejoint la vallée de l’Aude.

            Après avoir fondé la cité de Redae, au sixième siècle, les Wisigoths entourèrent cette ville de forteresses pour en défendre les approches. L’un de ces châteaux-forts fut construit à Arques. On l’appelait Arces, mot latin traduit du grec qui signifie commandement. On retrouve quelques restes de substructions de cet édifice dans les fondements des hautes murailles qui entourent le donjon actuel.

 

Le Château du village d'Arques (Aude)

 

            Un document très-important, qui faisait partie des archives d’Arques avant la Révolution, et dont il nous a été donné de constater l’existence, faisait mention d’un château-fort construit au septième siècle dans la vallée d’Arques ou Réalsès.

            A trois cents mètres environ de distance du château, on trouve le village d’Arques dont la création remonte à l’époque de la fondation de la forteresse. Une cella, desservie comme à Alet par trois religieux, s’élevait à l’entrée du village. On peut encore de nos jours se rendre compte de l’emplacement qu’occupait ce petit prieuré, car il existe des vestiges de cet établissement dans le jardin du presbytère.

            Il y a quelques années à peine, en faisant des travaux de tranchée sur le côté nord de la place du village, qui est contigüe à l’église et à l’ancienne cella, on a exhumé plusieurs tombeaux mérovingiens en pierre de taille, d’une seule pièce. C’étaient les tombes des premiers syndics du petit monastère.

            L’église ainsi que le prieuré d’Arques étaient placés sous l’invocation de Saint-Jean-Baptiste. Nous en trouvons la preuve dans ce fait que l’église d’Arques, tout en étant placée sous le vocable de Sainte-Anne, a Saint-Jean-Baptiste pour son premier patron. Du reste, il est facile de reconnaître que cet édifice religieux remonte à la plus haute antiquité, malgré les remaniements successifs qui en ont altéré le caractère.

            Au commencement du IX ème siècle, après l’investiture par Charlemagne du premier comte du Razès, comme l’un de ses grands vassaux, le château d’Arques, considéré comme forteresse dépendant de la couronne, passa au pouvoir du comte Guillaume et de son fils Béra qui devaient le garder pour le roi de France. En même temps, le prieuré et l’église firent partie du domaine dont Charlemagne dota l’abbaye de Lagrasse. Mais l’abbaye de Saint-Polycarpe prétendit avoir des droits antérieurs, attendu que le prieuré était desservi par des religieux qui faisaient partie de sa corporation. Le conflit se dénoua au profit de l’abbaye de Lagrasse, qui devint propriétaire de l’établissement religieux d’Arques, et qui, en outre, exerçait certains droits sur le château et les terres qui en dépendaient. A dater de cette époque, les comtes de Razès purent disposer du château d’Arques, mais sous la réserve des droits du roi de France et des privilèges des abbés de Lagrasse.

            L’un des successeurs du comte Béra donna en arrière-fief et sous les réserves que nous venons de mentionner, le château d’Arques à l’un des seigneurs de sa cour. Nous voyons figurer, au XI ème siècle, un Béranger d’Arques, parmi les nobles du comté.

 

 

III.

 

 

            Au commencement du XII ème siècle, un grand changement s’opéra dans les destinées du village d’Arques. Le vicomte Bernard Aton, qui possédait divers châteaux et villages dans le Razès à titre de fiefs, dépendant de l’abbaye de Lagrasse, devait, en sa qualité de feudataire, rendre foi et hommage au nouvel abbé appelé Léon, qui avait succédé, en 1110, à l’abbé Robert. Le vicomte n’essaya pas de s’affranchir de cet acte de reconnaissance, qui était obligatoire pour les comtes de Razès, vis-à-vis de tout abbé entrant en fonctions. Mais là ne se bornait pas cet acte de soumission. Après avoir fait leur visite au grand dignitaire crossé et mitré dans la salle d’honneur de l’abbaye, les comtes de Razès étaient tenus, quand le nouvel abbé faisait son entrée dans la cité de Carcassonne, de lui tenir l’étrier, de lui faire escorte et de le défrayer pendant son séjour dans cette ville et de défrayer aussi les deux cents chevaliers qui formaient sa suite.

            D’un autre côté, Bernard Aton chercha, à la même époque, à se rendre favorable le comte de Foix, en renonçant à l’hommage que celui-ci devait lui rendre pour diverses terres du Razès. Cet hommage consistait en la remise de trois chevaliers, cum tres eminas de civada, ce qui signifie, en langue romane, avec trois hémines d’avoine. L’émine, usitée encore dans les Corbières, équivaut à quarante litres.

            Bernard Aton pensait ainsi se créer des alliés dans la lutte qu’il allait avoir à soutenir contre plusieurs seigneurs du Carcassez et du Razès. Mais il fut trompé dans ses prévisions, car l’abbé de Lagrasse et le comte de Foix soutinrent les nobles rebelles.

            Parmi ceux-ci figuraient plusieurs barons du Razès que nous allons citer. C’étaient les seigneurs d’Arques, de Latour, de Caramany, de Puylaurens, de Roquefort, de Rebenty ou Able, de Pech Saint-Hilaire, de Pieussan, de Blanchefort, de Caderone, du Bezu, de Montazels, de Soulatge, de Tournebouix, de Cassaignes.

            Quand Bernard Aton eut vaincu les révoltés et fut devenu maître de la situation, il obtint la soumission du plus grand nombre de ces nobles et il confisqua les terres de ceux qui continuaient la lutte.

            Le châtelain d’Arques fut dépouillé de son domaine qui fut inféodé au seigneur de Termes. Or, ce que la maison de Termes tenait, elle le gardait bien.

            Après s’être ainsi vengé du baron d’Arques, Bernard Aton chercha aussi à se venger de l’abbé de Lagrasse qui avait, paraît-il, encouragé la révolte. Il enleva à l’abbaye l’église et le prieuré d’Arques ainsi que les terres qui en dépendaient. Dans un testament en date de 1118 et qui est déposé aux archives de la ville de Montpellier, il inscrivit la disposition suivante : “ Ego...... concedo et dimito domino deo et sancto roberto de casa dei..... quidquid habeo vel habere debeo il villa quæ dicitur Archas, et ecclesiam ejus villæ. Et præcipio ut Rotgerius filius meus deliberet istam eclesiam totam monachis domus dei ut habeant eam liberam......... castellum novum quid cognosminatur Arri actum est hoc testamentum Anno 1118, regnante Ludovico VI, rege francorum.

            Je cède et abandonne au seigneur Dieu et à Saint-Robert de la Chaise-Dieu (Haute-Loire), tout ce que je possède et dois posséder dans le bourg qui est appelé Arques, ainsi que l’église du bourg. Et j’ordonne que Roger, mon fils, délivre cette église tout entière aux moines de la Chaise-Dieu pour qu’ils la possèdent libre. A château neuf appelé d’Arry a été fait ce tespament, l’an 1118, régnant Louis VI, roi des Francs.

            Cette donation, qui est mentionnée dans la vie de SaintRobert, produisit son effet, et le monastère de la Chaise-Dieu posséda l’église d’Arques.

 

 

IV.

 

 

           Grâce aux libéralités de Bernard Aton dont il était devenu le fidèle allié, Guillaume de Termes avait considérablement agrandi son domaine. Ses possessions s’étendaient jusqu’aux bords de l’Aude. Par un acte de 1154, il rendit hommage à Raymond Trencavel, successeur de Bernard Aton, pour le bourg d’Arques et huit autres villages qui composaient son nouveau fief. Dès cette époque Arques ne fut plus une villaria, un village ; on l’appela castrum, bourg fortifié, car il fut entouré d’une ligne de fortifications comme Couiza.

            Guillaume de Termes était mort en 1163. Ses trois enfants : Raymond, guillaume et Rithivinde, épouse de Bernard de Montesquieu, ne purent se mettre d’accord pour le partage de sa succession. Ils s’adressèrent au vicomte Raymond trencavel qui prononça une sentence dans laquelle il est dit que les deux frères possèderont, chacun pour une moitié, le château d’Arques.

            A la suite de l’invasion du comté de Razès par les armées de Simont de Montfort, tous les châteaux et les villages appartenant au seigneur de Termes furent mis en état de défense. Après s’être emparés à la longue et malgré la plus vive résistance du château de Termes, les Croisés attaquèrent Arques et s’en rendirent les maîtres. Le château fut complètement détruit. Le bourg eut le même sort. Un document authentique nous apprend que les maisons furent incendiées et démolies. L’église et le prieuré seuls furent conservés. C’est une bien triste et bien sanglante page dans les annales d’Arques que le récit du sort qui fut fait aux malheureux habitants de ce bourg. On ne leur laissa pas même la consolation de pleurer sur les ruines de leurs demeures et d’essayer de les relever. Chassés hors de l’enceinte du village, ils durent fuir dans les vastes forêts du voisinage, n’emportant avec eux que ce qu’ils purent charger sur leurs épaules. Ils eurent un sort aussi triste que celui qui fut fait, d’après Du Mège, le commentateur de Dom Vaissette, aux habitants de Coustaussa. Ce qui le prouve, c’est que dans l’apanage qui fut créé en faveur de Pierre de Voisins figure le droit d’affouage et de forestage dont jouissaient les feudataires d’Arques. Donc, Arques n’existait plus.

            Que devinrent les malheureux proscrits forcés d’abandonner leurs maisons en ruine? L’histoire ne nous le dit pas, mais nous le présumons d’après un évènement des plus dramatiques qui se passa sur la grande place de ce bourg quelques années plus tard.

            Olivier de Termes avait fait, en 1247, sa soumission au roi de France et s’était dessaisi en faveur de son souverain de tout ce qu’il possédait dans le pays de Rhedae, à l’exception de deux ou trois petits villages. Tout ce vaste territoire fut ajouté au riche apanage que possédait déjà Pierre de Voisins, et celui-ci fut ainsi dédommagé de l’abandon des droits seigneuriaux qu’il avait sur la ville de Limoux.

            Nommé aux fonctions de sénéchal de Carcassonne et investi du droit de haute et de basse justice sur son vaste domaine, Pierre de voisins se rendit, en 1265, sur les terres de sa seigneurie pour exercer des poursuites contre ceux de ses vassaux dont il avait à se plaindre. Voici, d’après Dom Vaissette, le récit d’une sentence qu’il rendit à Arques contre une femme accusée de sorcellerie.

            Anno domini 1265, Petrus de Vicinis, miles comitatus cum suis assessoribus totam suam senescaliam visitavit et multos sortilegos et sortilegas ultimo supplicio multavit, inter quos fuit une fæmina quæ dicibatur Angela, loco de Labartha ætatis 60. “

“ L’an du seigneur 1265, Pierre de Voisins chevalier comte visita toute sa sénéchaussée avec ses assesseurs, et punit du dernier supplice plusieurs sorciers et sorcières, et parmi celles-ci une femme qui s’appelait Angèle, du lieu de Labarthe, âgée de 60 ans. “

            La malheureuse Angèle fut brûlée vive sur la place d’Arques, car la métairie de Labarthe où elle résidait est située à une petite distance de cette commune.

            On se demande quel était le crime de ces pauvres gens accusés de sorcellerie et condamnés au bûcher. Le roi Saint-Louis douta de leur culpabilité ; car en apprenant ces exécutions, il ordonna à son sénéchal de ne plus avoir à connaître de ces sortes d’accusations, réservant à ses officiers de la justice royale la poursuite des crimes de sorcellerie. Pierre de Voisins, le grand justicier, avait voulu, par un acte de cruauté, frapper un grand coup et essayer de rétablir le calme sur les terres de sa baronnie.

            Les anciens habitants d’Arques, et peut-être avec eux d’autres proscrits, erraient sans asile et sans pain dans les vastes forêts qui couvraient les Corbières. Souvent, pendant les nuits sombres, des feux s’allumaient sur le Cardou et sur d’autres pics dominant les montagnes. Les sons lents et lugubres de la conque marine et du cornet à bouquin retentissaient au fond des vallées. C’était autant de signaux et autant d’appels réitérés. Et alors, à traversles sentiers perdus, des groupes compactes arrivant de tous les points de l’horizon se réunissaient sur une de ces grandes landes qui couronnent les hauteurs voisines d’Arques. Une foule immense stationnait sur ce point pendant de longues heures, écoutant tantôt les incantations d’un fanatique, tantôt les prédictions d’une femme illuminée qui, comme la sibylle antique, récitait ses oracles. On maudissait les vainqueurs, les francimans ; on se lamentait sur les ruines qui couvraient le sol ; on pleurait le village détruit et la cabane incendiée.

             Au lieu de prendre en pitié ces parias, ces misérables vivant comme des fauves et devenus presque sauvages, Pierre de Voisins voulut les dompter par la terreur comme il les avait déjà vaincus par le fer et par le feu. Et c’est ainsi que des exécutions sanglantes décimèrent cette population désespérée.

            Le souvenir de ces scènes terribles s’est perpétué dans la contrée sous la forme de la légende rhythmée. Si on interroge les vieillards, on entend réciter l’antique complainte, Le Roman,alternant ses strophes sans nombre, les unes en langue française, les autres en langue romane, comme une mélopée des temps d’Homère.

            Après la mort de Pierre de Voisins ses domaines furent partagés entre ses quatre fils. Le troisième d’entre eux Egidius de Vicinis, Gilles de Voisins, eut pour son lot la baronnie d’Arques et Couiza. Après avoir abandonné le manoir seigneurial de Couiza que son père avait fait bâtir à côté du moulin et qui était situé à l’extrémité de ses terres, il fixa sa résidence à Arques qui se trouvait au centre de son domaine. L’ancien prieuré devint sa demeure, grâce à quelques travaux d’appropriation dont il reste encore des traces sur le côté ouest de la place. Son premier soin fut de faire reconstruire le village tel qu’il se trouve de nos jours avec sa magnifique rue que bien des villes pourraient lui envier. Puis il mit tout en œuvre pour y attirer de nouveau les anciens habitants et faire oublier le souvenir odieux de son père. Il donna en emphytéose des maisons et des terres. Il concéda à ses vassaux des droits d’affouage et de forestage plus amples que ceux qu’avait accordés le seigneur de Termes. Il y ajouta le droit de couper dans ses forêts des arbres pour réparer les maisons, comme aussi pour faire des instruments aratoires et des ustensiles de ménage. (Archives de la mairie d’Arques).

            Si nous avions besoin d’une preuve pour établir que le village d’Arques avait été détruit et qu’il fut réédifié à cette époque, nous la trouverions dans le préambule de l’acte de création et de confirmation des droits consentis en faveur des habitants par Gilles de Voisins. En voici le texte : cum nova fuit bastida œdificata, ego Egidius de Vicinis...... Quand  la nouvelle bastide a été bâtie, moi Gilles de Voisins.......

            On appela bastides au XIII ème siècle les villages et bourgs qui furent reconstruits en grand nombre – Gilles de Voisins mourut vers 1290.

 

 

V.

 

 

            C‘est vers la fin du XIII ème siècle que, après la mort de Gilles de Voisins, sont fils Gilles II termina la construction du château d’Arques que son père avait commencée. Nous en trouvons la preuve dans le contenu d’une transaction faite en 1301 entre ce seigneur et les habitants d’Arques. Aux termes de cet acte, que nous analysons plus loin, parmi les terres que Gilles de Voisins donnait en emphytéose il réservait les terres situées autour du château.

            La contrée dont nous esquissons l’histoire subit à cette époque une grande transformation. Le roi Louis IX et après lui Philippe-le-Hardi avaient converti en forteresses royales plusieurs châteaux féodaux, afin de protéger contre les Espagnols ce pays-frontière, et aussi afin de tenir en respect les nouveaux maîtres du sol, les châtelains qui étaient pour la plupart des chefs des Croisés enrichis par Simon de Montfort. Plusieurs villes et plusieurs villages furent en état de défense ; d’autres villages furent créés. Les seigneurs imitèrent le souverain. Comme lui ils construisirent de nouveaux châteaux, et ils multiplièrent autour de leurs manoirs les moyens de défense. Etait-ce pour résister, au besoin, aux officiers du roi, ou bien voulaient-ils se prémunir contre la rebellion de leurs vassaux? Nous pensons que c’est dans ce double but que la contrée se trouva bientôt couverte de châteaux-forts et de villages fortifiés qu’on appela des bastides.

 

 

Lac d'Arques.

 

Le Lac d'Arques (Aude)

 

 

La Lac d'Arques (Aude)

 

 

Le Village de vacances du Lac d'Arques (Aude)

 

 

            Le seigneur d’Arques suivit l’impulsion, et fut peut-être l’un des promoteurs de cette manifestation de la puissance féodale. Le château qu’il fonda fut un des plus beaux spécimens de l’architecture militaire de cette époque, et il est probable que c’est en s’inpirant du souvenir de l’ancienne forteresse wisigothe que Gilles de Voisins éleva monument grandiose sur les ruines de cette forteresse. Bien que le donjon seul soit actuellement debout avec quelques lambeaux de remparts, on peut se rendre compte du plan général qui avait été adopté.

            Le château distant de quatre cents mètres environ du village s’élevait sur un mamelon bordé de trois côtés par des pentes peu élevées, et se reliant du côté du couchant par un terre-plein à la montagne voisine. On remarque la même disposition de terrain pour les autres forteresses wisigothes de la contrée. Ce mamelon est couronné par un plateau assez étendu sur lequel on remarque les ruines de vastes constructions ayant la forme d’un quadrilatère allongé. Du côté du levant et du couchant se dressait une ligne de solides remparts dont une partie est encore debout. Sur le côté nord s’élevaient des bâtiments affectés à divers services. C’est là que se trouvaient les magasins, les étables et tout ce qui se rattachait à l’exploitation du domaine seigneurial. La partie du château faisant face au midi renfermait le logement du seigneur, la chapelle, la salle de justice. Elle se composait d’un bâtiment central et de deux ailes formant chacune une tour carrée. L’une de ces tours a été convertie en maison moderne. L’autre est encore debout, mais inhabitée. Sa partie inférieure est convertie en bâtiment rural ; on y remarque encore une cave voutée en bon état de conservation. Entre les deux tours carrées et au centre de cette façade du midi s’ouvre la porte d’entrée du château qui était défendue par des herses, des machicoulis et un pont-levis. Une autre porte, munie également de moyens de défense, s’ouvrait du côté du couchant.

            Un large fossé entourait le château, et était alimenté d’un côté par un ruisseau qui ne tarit jamais et qu’on appelle le Ruisseau du Bosquet, et d’un autre côté par les eaux du Réalsès. Le donjon complètement isolé touchait presque aux remparts du levant auxquels il se reliait par des travaux de défense. Il était séparé par un préau des bâtiments et des fortifications garnissant les trois autres côtés de l’enceinte.

            Le donjon qui excite de nos jours l’admiration des archéologues et des touristes consiste en une tour carrée flanquée à chacun de ses angles d’une tourelle ronde reposant sur une élégante corniche comme sur une console. Cette tour aux formes élégantes et élancées est un des plus beaux spécimens de l’art gothique appliqué à l’architecture militaire. Elle est percée sur plusieurs points de meurtrièrent et garnie de machicoulis. Quelques fenêtres gothiques à riches encadrements sont percées sur les quatre faces. Le bois, ni le fer n’entrent pour rien dans cette construction qui, sous une forme si délicate, cache une solidité à l’épreuve des ravages du temps.

            La porte d’entrée prenant jour du côté du midi est très-étroite et se termine par une ogive aigüe. Elle donne accès dans un rez-de-chaussée d’une seule pièce qui prend jour par cette ouverture. Un escalier à l’hélice, très-étroit au point de ne donner passage qu’à une personne, s’enroule dans une des tourelles et dessert les deux étages de l’édifice. Le premier étage se compose, comme le rez-de-chaussée, d’une seule pièce. C’est une salle portant encore des traces de décorations et qui communique avec les quatre tourelles. Sur l’un des côtés de cette salle correspondant au nord, on remarque une haute cheminée au large manteau. En face s’ouvre une fenêtre jumelle surmontée de deux ogives trèflées et d’une acuité bien prononcée. Le pavé de cette salle se compose d’un assemblage de dalles si bien cimentées qu’elles semblent ne former qu’une seule pièce. Ce pavé, d’une épaisseur de cinquante centimètres environ, est percé à son centre d’une ouverture ou trappe ronde qua a une ciscondérence de près de trois mètres, et qui servait à mettre le premier étage en communication avec le rez-de-chaussée au moyen d’une échelle.

            La salle du deuxième étage est dans un état de délabrement complet.

            On remarque sur la partie haute du donjon des crénaux et des meurtrières qui en formaient le couronnement, mais qui sont presque entièrement démolis, car la toiture a disparu depuis longtemps.

            Ce donjon qui s’appelait Turris des Archis, la tour d’Arques, était un véritable fort dans une citadelle : c’était une immense ruche de ganit destinée à offrir toutes les conditions d’une résistance efficace contre de nombreux ennemis. Il serait bien à désirer que ce monument si remarquable de l’architecture militaire du moyen-âge fût classé au rang des monuments historiques, et qu’on y fît les travaux de restauration et de conservation nécessaires.

            A part le donjon que nous venons de décrire, les autres bâtiments formant bordure au midi et au nord du château n’offrent rien de remarquable au point de vue de l’architecture. Autant qu’on peut en juger par les lambeaux de murailles qui sont encore debout, ces ruines semblent accuser trois époques différentes, ainsi qu’on le remarque pour les vestiges des remparts de Rhedæ. Les soubassements de certaines parties pourraient bien être des substructions appartenant à l’antique forteresse wisigothe. La porte d’entrée seule a un caractère déterminé. On remarque sur les restes du fronton circulaire qui la couronne des traces des armoiries de la famille de Voisins, qui se composaient de trois fusées ou losanges. A propos de ce signe héraldique nous croyons devoir faire une remarque qui a échappé jusqu’ici aux historiens. Elle consiste en ce que les armes des De Voisins étaient des armes parlantes. Leur écu était chargé de trois losanges que l’on a qualifiés mal à propos de fusées, attendu que les deux angles obtus ne sont pas arrondis, mais conservent une certaine acuité. Ces trois losanges se composent chacun, d’après nous, de deux V superposés en sens inverse, de façon à ce que le losange signifie la lettre V deux fois répétée. Or, cette lettre est le monogramme de la famille de Voisins – Vicinis ; - par conséquent nous nous croyons fondé à soutenir que la famille de Voisins avait choisi pour ses armes son monogramme ainsi disposé : Λ

                                                                         V

            Après Gilles II sont fils Gérand ou Guiraud agrandit son domaine dans les Corbières, tout en conservant Arques comme chef-lieu de sa seigneurie, et c’était à Arques qu’était le centre de sa juridiction. D’après un dénombrement qui fut fait vers 1340 le nombre de feux était de 263 dans la seigneurie d’Arques et Couisan que possédait alors Guillaume II de Voisins.

            On ne cite rien de remarquable, intéressant la commune d’Arques, sous les successeurs de Guillaume II de Voisins, lesquels continuèrent d’habiter le château jusqu’au jour où Françoise de Voisins, fille de Jean IV de Voisins et de Paule de Foix-Rabat, épousa Jean de Joyeuse et fixa sa résidence à Couiza.

 

 

VI.

 

 

            Nous avons vu dans notre notice sur Couiza que dès le commencement du XVI ème siècle la branche de Voisins d’Arques s’éteignit et que la seigneurie passa aux mains de la famille de Joyeuse qui fixa sa résidence à Couiza. A dater de cette époque l’histoire du village d’Arques n’offre rien d’intéressant. Il ne nous reste par conséquent qu’à dire quelques mots du château.

            Comme bien d’autres manoirs le château d’Arques fut en but aux attaques armées des religionnaires, vers 1575.  Les compagnies qui parcouraient les Corbières et qui y exercèrent tant de ravages se ruèrent, surtout, avec fureur sur tout ce qui appartenait au domaine de Guillaume de Joyeuse qui était le chef de l’armée catholique. C’est à cette époque que le château d’Arques fut presque entièrement détruit. Seul le donjon résista aux attaques des soldats des capitaines Rascles et Castelrens. Les Joyeuse, les Rébé, les Du Poulpry qui ont tour à tour possédé la seigneurie de Couiza et Arques ne songèrent jamais à faire de ce donjon un lieu de résidence ; car ce n’était qu’un fort, un poste militaire sans importance et sans utilité. Ils conservèrent seulement, après l’avoir restaurée, l’aile qui s’étendait du côté du midi et qui servait de résidence aux agents du seigneur.

            Pendant la Révolution, le domaine seigneurial d’Arques fut vendu comme bien national. Les parties de ce château qui étaient conservées subirent le même sort et passèrent entre les mains de trois ou quatre habitants de la commune qui en approprièrent une partie pour leur usage personnel et démolirent le reste, du moins en grande partie.

            Le donjon seul ne fut pas aliéné par le Domaine, et il est toujours demeuré depuis lors au pouvoir de l’Etat. Cette considération milite en faveur du vœu que nous avons émis en demandant que la Tour d’Arques, si remarquable au point de vue archéologique, soit classée parmi les monuments historiques du département.

            Le bourg d’Arques fut érigé en chef-lieu de canton dans les premières années de la révolution. Mais, suite d’une nouvelle organisation, le chef-lieu fut tranféré peu de temps après à Couiza.

            D’après l’armorial de d’Hozier, publié par M. A. C. P., les armoiries d’Arques sont : “ De sinople coupé d’argent, chapé chaussé de l’un en l’autre. “

 

 

COMMUNES

 

DÉPENDANT

 

de la Seigneurie de Couiza et Arques.

 

            La plupart des communes qui faisaient partie, au XIV ème siècle, de la baronnie de Couiza et Arques n’ont pas d’histoire et n’offrent rien de remarquable au point de vue archéologique. Quelques-une se recommendent par l’antiquité de leur origine, ainsi que le prouve un document du IX ème siècle. Ce document consiste en une charte du roi de France Eudes ou Odon, datée de 889, qui confirme en faveur de l’abbaye de Saint-Polycarpe la possession de plusieurs villages parmi lesquels figurent Petrolœ, Peyrolles ; Melisiracus, Missègre ; Cassaniœ, Cassaignes ; Luctus, Luc. Sur le territoire de Luc se trouvait le fief de Saint-Denis, appartenant à l’évêché d’Alet, et qui était un ancien ermitage remontant aux temps les plus reculés.

            Une autre charte du roi Charles-le-Simple, datée de 931, concède à l’abbaye de SaintHilaire la possession de Valmigère qui est appelé Villula-de-Valourso, le village du Val-d’Ours. Ce village donna son nom à la montagne d’Ournes qui referme une mine de manganèse en pleine exploitation.

            Parmi les communes dépendant de cette seigneurie trois seulement se font remarquer comme possédant des restes de monuments historiques.

 

 

 

I.

 

PEYROLLES.

 

 

            Il existe sur le territoire de cette commune, au lieu dit Pountils (Pontils), un monument druidique très-bien conservé. C’est un peulvan ou pierre-levée qui se dresse aux abords du chemin vicinal d’Arques ; on l’appelle La Peyro dréto. Nous sommes fondé à croire qu’il existe sous ce peulvan une cavité, grotte naturelle ou caverne creusée de main d’homme, dans laquelle il serait bon de pratiquer des fouilles. ( où est passée la pierre? ... existe-t-elle encore? )

Il existe aussi, ou devrais-je dire plutôt, il existait, sur un monticule de rochers à la jonction du Rialsesse et du ruisseau du Crés, au même lieu-dit, un tombeau qui ressemblait extraordinairement au tombeau qui est représenté sur le tableau “Les Bergers d’Arcadie” du peintre Nicolas Poussin. Ce tombeau a été détruit dans les année 1970 ou 80, je cite : “ Un imbécile eut l’idée insensée de s’y attaquer en faisant usage d’explosifs. De façon regrettable, mais peut-être compréhensible, le propriétaire du terrain décida alors de détruire le caveau, dans l’espoir malheureusement vain de mettre un terme aux délirantes exactions des chasseurs de trésor. (Henry LINCOLN, La Clé du Mystère de Rennes-le-Château).

 

Tombeau du Pontils (Aude)   

 

Tombeau avant sa destruction

 

  

            Peyrolles possédait autrefois un donjon ou tour féodale dont la construction remontait au treizième ou quatorzième siècle, et qui avait été construite probablement par Gilles de Voisins. Cette tour n’existe plus. Il est fait mention dans le dénombrement des biens de la seigneurie d’Arques de 1685, de la façon suivante : “ Une tour découverte qui est édifiée sur un terrain de cinq cannes “.

           

           

 

 

II.

 

SERRES.

 

            Serres possède un manoir seigneurial qui date du dix-septième siècle et qui, d’après un document déposé aux archives de cette commune, fut construit par un bourgeois anobli à qui l’évêque d’Alet avait cédé ce village moyennant paiement de la mense. Ce manoir est délabré en grande partie et exigerait de coûteuses réparations pour être habitable. D’après un acte qui fait partie du cartulaire de Serres, ce manoir fut édifié sur les ruines d’un ancien château-fort. Or, ce château-fort, qui remontait à une haute antiquité, était la forteresse wisigothe de Serrœ – les défilés – qui gardait le point de jonction des vallées de la Salz et du Réalsès, et qui, comme l’ancienne forteresse d’Arques, fut détruite par les sarrasins.

 

 

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