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Henri Boudet (Curé de Rennes-les-Bains 1872-1914)

Rennes-le-Château (Texte de 1905)

Rennes-les-Bains aux XVIIIe siècle

 
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Page 9

 

ESPÉRAZA.

 

 

Asparazanus – Spérazanus – Espéraza

 

La ville d'Espéraza vue de Rennes-le-Château

 

 

            Le bourg d’Espéraza remonte à une haute antiquité ; seulement, comme ses deux voisines, les villes de Quillan et de Limoux, il a changé de place.

            Une tradition très vague, passée à l’état de légende, nous avait signalé l’existence, à une époque très reculée, d’un village disparu depuis plusieurs siècles, qui était situé dans la vallée de l’Aude, en aval d’Espéraza, et à peu près à égale distance de cette commune et de Couiza. Les recherches étaient difficiles sur une donnée aussi incomplète. Désireux d’approfondir ce point historique, nous nous sommes adessé, l’an dernier, à MM. les ingénieurs de l’Etat, chargés de la construction du chemin de fer de Carcassonne à Quillan et les avons priés de nous signaler les débris de substruction qu’on pourrait trouver en faisant les travaux de tranchée sur la section comprise entre Alet et Espéraza. Ces messieurs s’empressèrent avec la plus grande obligeance de donner des ordres aux chefs de chantier, et c’est ainsi que, grâce à leur concours, dont nous leur témoignons ici notre reconnaissance, nous avons pu préciser le point où s’élevait l’ancien Espéraza, qui portait le nom de Asparazanus. Sur un terrain en surface plane se reliant à un monticule à pente douce, situé aux bords de la route n° 12, le pic des travailleurs a mis à jour des fragments de maçonnerie. Ce terrain, séparé du bourg d’Espéraza par une distance d’environ un kilomètre, touche au chemin vicinal qui va de la route n° 12 à Laserpent ; il porte le nom de Garnaud. Les débris de substructions étaient à une profondeur qui variait entre 60 ou 80 centimètres et étaient recouverts d’une couche de terre végétale que les eaux pluviales y avaient entraînée facilement à cause de la déclivité du terrain. Nous nous trouvions là en présence d’une partie des ruines de l’antique Asparazanus, dont nous allons essayer de reconstruire le passé historique.

            Asparazanus fut, dans le principe, un établissement religieux, comme presque toutes les localités voisines. Cet établissement avait moins d’importance qu’un monasterium, abbaye, et était cependant, bien au-dessus d’une simple cella, chapelle. On l’appelait ecclesia, ce qui signifiait un prieuré habité par un petit nombre de religieux qui variait entre cinq et sept moines dirigés par un prieur. Les villages groupés autour de ces maisons conventuelles comptaient d’ordinaire un assez grand nombre de feux.

            Il nous est impossible de déterminer exactement l’époque où fut créé Asparazanus ; mais nous pouvons affirmer que la date de sa construction remonte au neuvième siècle, c’est-à-dire à cette période pendant laquelle prirent naissance les villages de Flacian près Limoux, Caltelrene, Verzeille et bien d’autres localités. Ce qui vient à l’appui de notre opinion, c’est que, comme les villages que nous venons de citer, Asparazanus fut l’un des  premiers établissements créés par l’abbaye d’Alet, sous le nom de : «  Ecclesia sanctae Mariae de Asparazanus.... » Or, l’abbaye d’Alet fut richement dotée par le comte Bera en 812, et c’est alors qu’elle couvrit la contrée de prieurés et de villages concuremment avec l’abbaye de Saint-Polycarpe.

            Le premier document historique faisant mention d’Asparazanus est daté de 1015. C’est un traité, sous forme de serment, par lequel Pierre, fils de la comtesse Impéria, s’engage à ne point dépouiller Bernard, fils d’Ermengarde, des châteaux d’Aniort et de Castelpor, et de leurs dépendances, dont faisait partie le bourg d’Asparazanus.

            A partir de cette époque, ce bourg prit une certaine importance. En effet, le fils d’Ermengarde, Bernard Aton, vicomte du Carcassez et du Rhedez, tenait à le garder en sa possession parce que ce devait être un beau fleuron de sa couronne comtale, et il voulait le conserver dans son propre domaine, sans l’inféoder à l’un des nobles de son entourage, comme l’avaient fait ses prédécesseurs, pour Caderone, pour Montazels et Coustaussa, Asparazanus demeura donc sous la mouvance directe des comtes suzerains, ainsi que le prouve la pièce importante que nous allons citer, et qui est en latin vulgaire, mêlé de langue romane.

« Ego Guillermus Arnaldus à tibi Guillermo Raymondo fidel te saraï de tuo vita. Et de ipso honore que hodie habes, excepto ecclesiam de Asparazano cum suas tenancias...... Adjutor te saraï sine ingano de Raymondus d’Aniort..........

« Ipsa carta facta est anno 1095, in presencia de Raymond de Tournebouix et Guillem Leger de Pomas. » 

            Traduction : « Moi Guillaume Arnaud (seigneur de Caderone) je serai fidèle à toi Guillaume Raymond, excepté pour ce qui concerne l’église d’Espéraza. Je te défendrai contre Raymont d’Aniort.

« Cette charte a été faite en 1095, en présence de Raymond de Tournebouix et guillaume Léger de Pomas. »

            La charte ajoute que l’exception formulée pour Espéraza s’applique au profit de comte Bernard Aton, fils d’Ermengarde, à qui appartenait cette église.

            Tandis que les comtes de Rhedez affirmaient ainsi, leur possession du lieu d’Asparazanus, l’abbaye d’Alet, de son côté, en revendiquait la propriété. Elle fit valoir ses droits en cour de Rome, et elle obtint satisfaction. Nous trouvons, en effet, dans dom Vaissette une bulle du pape Calixte II, datée de 1119, et que nous avons déjà citée. Cette bulle confirme en faveur du monasterium electensis la possession de diverses églises et de divers villages, et de ce nombre se trouve l’église santae Mariae d’Asparazanus, qui est écrit de Sperazanus.

            Mais qu’advint-il de cette bulle ? Elle demeura, sans nul doute, à l’état de lettre morte ; car ce que les seigneurs laïques de cette époque tenaient ils le gardaient bien. Ce qui nous le prouve c’est que dans une charte de 1145 figure comme témoin Guillelmus-Marcus, seigneur de Sparazan. Puisque Espéraza avait été érigé en seigneurie, c’est que les comtes de Rhedez s’étaient décidés, bien à contre-coeur sans doute, à le donner en fief, probablement pour acheter la soumission de l’un des nobles rebelles de la contrée qui, en 1120, s’étaient coalisés contre le comte suzerain Bernard Aton. Or, tous les seigneurs voisins de l’église et bourg d’Espéraza étaient entrés dans cette ligue et ils firent payer cher leur soumission qui eut lieu quatre ans après.

            Son manoir et son bourg de Sparazan furent complètement rasés, comme le furent, en même temps, Blanchefort et Caderone. Qu’advint-il des malheureux habitants du bourg ? Dieu seul le sait ! Il est probable qu’ils ne furent pas mieux traités que ceux de Coustaussa, dont du Mège nous a dépeint le terrible sort. Qu’advint-il du dernier seigneur de Sparazan qui portait le nom de Guillaume-Arnaud ? il fut probablement tué sur les ruines de son châteaux, comme Ugon de Caderone, Izard de Villeneuve, Pierre de Castillon et tant d’autres courageux défenseurs du comte de Rhedez. De l’antique bourg de Asparazanus et de son dernier seigneur, il n’est resté qu’un nom de territoire, Garnaud, et une légende. Ce nom de territoire et cette légende pourraient bien être de l’histoire. Ce terrain, désigné sur les plus anciens livres terriers sous la désignation de Garnaud, porte ainsi le nom du dernier seigneur de Sparazan, Guillaume-Arnaud, et par abréviation G. Arnaud, d’où vient le terme de Garnaud.

            La légende nous rend compte de l’apparition nocturne, et qui s’est reproduite à diverses époques, d’un personnage fantastique qui hante la partie de la valée où se trouvent les ruines de Sparazan. Cet être chimérique est appelé le spectre de Garnaud, ou le fantôme de Garnaud, qui, parfois, pendant les nuits d’hiver, se montre aux passants attardés sous la forme d’un homme de grande taille, couvert de draperies blanches, et qui dans ses pérégrinations de noctambule ne franchit jamais deux points qui sont marqués d’un côté par le ruisseau de Rabanel de l’autre par le ruisseau d’Antugnac. Or, par une singulière coïncidence, ces deux points formaient, au modi et au nord, les limites des terres de la seigneurie de Sparazan. Et qu’on n’aille pas croire que cette légende n’a plus cours dans la contrée et que nous la citons uniquement au point de vue rétrospectif. Elle est encore enracinée dans certains esprits ; car, pas plus tard que pendant l’hiver de 1876, l’apparition du spectre de Garnaud a été signalée.

            Quelque mauvais plaisant aura peut-être cherché, grâce à une exhibition un peu théâtrale, à se faire un jeu de la crédulité du public. Mais si la légende du fantôme de Garnaud est un de ces récits fabuleux, une de ces superstitions qui ne devraient plus, à notre époque, exercer la moindre influence sur les esprits, nous croyons bon d’en faire ressortir la donnée primitive, la source historique. La légende de Garnaud est le souvenir toujours vivant, mais altéré par la tradition depuis l’an 1230, de la sanglante tragédie qui, à cette époque, vit disparaître avec son seigneur, avec ses habitants, l’un des bourgs les plus importants de la vallée de l’Aude.

            Le bourg de Sparazan était mort ; mais peu de temps après Sparazan ressuscita. Peu de temps après un nouveau bourg s’élevait à proximité de l’ancien.

            Le bourg actuel d’Espéraza était fondé et il portait comme son devancier le nom de Sparazan. Ce ne fut qu’un déplacement. Comme Quillan, comme Limoux, comme Carcassonne, Sparazan abandonnait le terrain déclive et la petite colline qui le supportait autrefois pour venir baigner ses pîeds dans l’Aude. Seulement, les éléments de l’agglomération d’habitants qui formèrent un nouveau groupement, subirent une grande modification, ainsi que cela arriva dans beaucoup de cités, de bourgades et de villages dont la création et le repeuplement datent de la guerre des Albigeois. Avant cette guerre la population de la province du Languedoc, qui portait encore le nom de Septimanie, avait bien diminué à la suite des croisades lointaines, puisque saint Bernard écrivit au Pape en 1146 : «  Les villes et les châteaux deviennent déserts. On voit partout des veuves dont les maris sont vivants. » La guerre des Albigeois vint encore, soixante ans après, faire de nouveaux vides dans cette population déjà clairsemée. On comprend dès-lors que la province ne pût se repeupler que par le mélange des vaincus avec les vainqueurs. C’est surtout dans la vallée de l’Aude que se fit ce travail de fusion de deux races distinctes. Comme les Visigoths au sixième siècles étaient venus se fondre avec les tribus Ataciennes , tribus gauloises des bords de l’Aude (Atax ou rivière d’Aude), on vit alors les Français du nord, qui composaient l’armée de Simon de Montfort, se mêler avec la population indigène des Corbières, du pays de Rhédez et du pays de Sault.

            Le cadre de notre travail ne nous permet pas d’entrer dans des développements ethnographiques, et de faire une étude complète sur cet intéressant sujet. Nous nous bornerons à constater que lorsqu’on parcourt toute la contrée qui formait l’ancien diocèse d’Alet, on trouve, presque dans chaque localité, un accent particulier, une prononciation différente, souvent même un changement sensible dans l’idiome patois. Ces dissemblances se produisent même entre des villages très rapprochés. Ce sont là tout autant de signes d’une diversité de races. Depuis un demi-siècle ces signes tendent à s’effacer grâce aux progrès de l’instruction dans les campagnes, grâce à la connaissance de plus en plus répandue de la langue française, grâce aussi au mélange des populations activé par la facilité des communications, la fréquence des déplacements, et le développement de l’industrie. Ainsi, nous sommes bien loin de l’époque où certaines localités avaient un langage particulier tout-à-fait digne de remarque.

            C’est dans la seconde moitié du XIII ème siècle, quelques années après la guerre des Albigeois, que fut créé ce centre de population, et, par un rare privilège, sa situation, dès le début, fut peu à peu près indépendante. Après la croisade, les chefs des vainqueurs furent tous largement récompensés. Tandis que Pierre de Voisins, sur la rive droite de la vallée de l’Aude, et Lambert de Thury, sur la rive gauche, recevaient de riches dotations, Sparazan ne fut compris ni dans l’un ni dans l’autre de ces assignats qui touchaient à ses portes ; car le premier détenait Couiza et Caderone, tandis que le second recevait Antugnac et Laserpent. Cela tint à ce que les commissaires royaux étaient intervenus. Le roi Saint-Louis fit faire, en 1262, le relevé des terres du roi, et dans ces terres furent compris Limoux, Saprazan et tout ce territoire de la vallée Arèse dont nous avons parlé, et où s’élevaient, bientôt, les villages de Granès et de Saint-Ferréol. C’est à la suite de ce travail de recherches que le bourg de Sparazan ne fut ni fief seigneurial, ni fief ecclésiastique, mais bien terre du Roi, avec une grande augmentation de territoire pris sur la rive droite de l’Aude, et qui recula jusqu’à Rennes, Granès et Saint-Ferréol, le vaste territoire de cette nouvelle commune. Sparazan fut largement doté, et cela nous donne la preuve que, dès sa fondation, ce bourg avait une grande importance. Mais ce ne fut pas seulement la richesse territoriale qui favorisa Sparazan.

            A l’instar de ce qui s’était produit lors de la fondation dans la Narbonnaise des colonies romaines, et lors de la création des établissement visigoths dans le Rhedesium, les nouveaux maîtres du sol apportèrent  dans la vallée de l’Aude un changement notable dont les historiens n’ont pas cherché à se rendre compte. Ils importèrent, avec leur langage, leurs moeurs et leurs industries. C’est alors que prit naissance à Espéraza, à Fa, à Campagne, à Brenac la fabrication de la dentelle. C’est alors, aussi, que fut inaugurée à Espéraza, à Campagne, à Quillan l’industrie de la radellerie, cette industrie si importante du flottage sur l’Aude des bois de construction. Interrogez les barbes grises de ces communes, et elles vous conteront l’un de ces récits du foyer que l’on appelle la tradition, et qui se sont conservés jusqu’à nos jours. Ils vous diront que dans les temps reculés un groupe, une tribu d’étrangers venus des régions du nord, s’établit dans la vallée de l’Aude pour y exercer la profession de marins d’eau douce, pour s’y livrer à cette grande industrie des bois flottants. Et ici la tradition est de l’histoire. On sait quels développements avait pris jusqu’à ces derniers temps cette institution ; on sait quelle fut autrefois l’importance de ces corporations de radeliers qui formaient une puissante assossiation avec ses maîtrises, ses jurandes et ses syndicats. C’étaient de robustes compagnons que ces hommes qui avaient converti en un vaste port et en chantier de construction et de débardages cette magnifique plage d’Espéraza où se construisaient des trains de bois de grandes dimensions, sur lesquels s’empilaient des poutrelles et des planches que le fleuve devait charrier jusqu’à Narbonne et jusqu’à la Méditerranée. Cette population de marins d’eau douce, dont les aptitudes se sont perpétuées jusqu’à nos jours, était façonnée aux fatigues et aux périls d’une navigation bien pénible, et ces aptitudes étaient si bien appréciées que, naguère encore, il y a à peine un demi-siècle, les jeunes gens d’Espéraza soumis à la conscription étaient classés, pour la plupart, dans la marine de l’Etat. Cette industrie fluviale tend de jour en jour à disparaître ; et ce n’est pas seulement la création des voies carrossables qui est venue l’entraver. Une des principales causes de sa disparition presque complète provient de ce que le volume des eaux de l’Aude a diminué, de ce que le courant est moins rapide et moins régulier, à cause de l’envasement et de l’atterrissement qui encombrent le lit du fleuve. Cette industrie de la radellerie avait pris dans sa naissance, au treizième siècle, une telle importance que parmi les dotations et privilèges dont fut gratifié Pierre de Voisins, ce grand feudataire de la rive droite de l’Aude, figure le droit de leude ou droit de péage sur les radeaux.

            Ce n’étaient pas seulement le transport des bois flottants, le commerce des bois de construction et la fabrication de la dentelle qui formèrent, il y a plus de cinq siècles, l’apanage industriel de Sparazan. Une autre branche de produits manufacturés vint bientôt s’y ajouter. Nous voulons parler de la tannerie et de la mégisserie. Cette dernière fabrication, surtout, acquit une réputation qui, bien que sur une plus petite échelle, s’est continuée jusqu’à nos jours.

            Enfin, à une époque plus rapprochée de nous, Espéraza vit se fonder, il y a de longues années, des fabriques de chapeaux qui, dans ces derniers temps, ont acquis une grande importance, et entrent encore pour une part assez remarquable dans notre commerce d’exportation.

            Faire d’une manière succincte, comme nous l’avons essayé, l’historique des industries diverses du bourg d’Espéraza c’est dire ce qu’à été de tout le temps la construction civile de cette importante commune. Dès que l’élément bourgeois commença à se développer à Carcassonne, à Limoux, à Quillan, le bourg d’Espéraza ne demeurra pas en arrière, et cet élément y prit une grande consistance. N’étant ni fief seigneurial ni fief ecclésiastique, Espéraza était dans les meilleures conditions pour exploiter ses diverses industries.

            Nous avons bien trouvé un document qui semblerait indiquer qu’il existait à Espéraza un droit seigneurial, au profit d’un membre de la famille de Joyeuse qui possédait la baronnie de Couiza et Arques. Ce document consiste en un acte de dame Henriette de Joyeuse, duchesse de Guise, qui s’institua baronne de Couisan et de Sparazan ; mais nous avons tout bien de croire que la duchesse de Guise ne prenait ce dernier titre qu’en sa qualité de propriétaire de l’un des deux moulins qui existent encore dans cette commune, et qui existaient déjà en 1632, époque à laquelle remonte le titre que nous mentionnons.

            Le bourg d’Espéraza ayant le droit, à cause de son importance et du chiffre de sa population, d’être classé au rang des villes, nous aurions voulu pouvoir parler de son organisation administrative, de ses corporations, de ses corps constitués, depuis le seizième siècle jusqu’aux temps modernes ; mais les documents nous font défaut. Nous n’avons rien trouvé dans les archives de cette commune. Nous présumons que les deux belles foires de Saint-Michel et de Saint-Antoine, ainsi que le marché hebdomadaire qui se tenait autrefois à Espéraza, avaient été institués par des lettres patentes du roi Charles IX, comme Couiza.

            Dans le courant du dix-septième siècle, le bourg d’Espéraza était le siège d’une justice royale dont le ressort s’étendait sur neuf paroisses. Nous avons trouvé un document relatif à cette institution dans une commune voisine.

            Lors de la nouvelle division territoriale qui fut adoptée au commencement de la Révolution, Espéraza devint un chef-lieu de canton dépendant du district de Quillan. Cette organisation fut modifiée peu d’années après.

            Nous ne trouvons à Espéraza aucun monument recommandable au point de vue archéologique.

            Le patron du bourg est Saint-Michel. L’église paroissiale est placée sous le vocable de ce saint. Saint-Antoine est le second patron de la paroisse.

            Comme toutes les communes importantes. Espéraza avait au seizième siècle des armoiries qui se composaient d’un Saint-Michel d’argent terrassant le dragon sur champ d’azur.

            D’après l’Armorial de d’Hozier, dressé en vertu de l’édit du roi Louis XIV, en 1696, la communauté des habitants du lieu d’Espéraza porte comme armoiries :

            « d’argent à un chevron de gueules, accompagné de trois tourteaux d’azur posés deux en chef et un en pointe. » (Extrait de l’Armorial manuscrit de Charles d’Hozier, par M.A.C.-P.)

            Ainsi qu’on l’a vu dans le cours de cette brève notice, Espéraza s’appela d’abord Asparazanus, puis, au treizième siècle, Sparazanus, Sparazan, au seizième siècle Sperazan, et cent ans après Esperazan. Le terme d’Espéraza, qui a prévalu il y a à peine un siècle, n’est que la traduction patoise du mot Esperazan. Nous exprimons ici le même regret que nous avons exprimé pour Couiza, c’est que le terme patois ait prévalu, et que ces deux communes n’aient point conservé, à l’instar de Quillan, de Lésignan, et bien d’autres localités, leur véritable appellation, la seule authentique, en gardant leurs noms historiques de Couisan et de Esperazan.

 

           

I.

 

CADERONE.

 

 

            Le château et le village de Caderone existaient au onzième siècle. Il est souvent question des seigneurs de ce nom dans l’histoire du Languedoc. Pierre Arnaud de Caderone vivait en 1111. Il paraît qu’il demeura toujours fidèle à Bernard Aton, comte du Carcassez et de Rhedez, car il ne figure pas parmi les nobles rebelles qui, en 1124, firent leur soumission par un acte authentique de foi et hommage.

            Son petit-fils Hugues ou Ugo de Caderone jura, en 1172, l’assistance à Pierre de Vilar, viguier de Rhedae. C’est probablement à lui que la légende attribue le distique suivant :

Ugo, Seignou de Catarouno,

Nou crégnis rés hors lé qué trouno.

 

            Son fils Hugues ou Hugo II fut, lors de la guerre des Albigeois, l’un des plus vaillants défenseurs du comte Raymond Roger. Après la croisade ses biens furent confisqués. Cette famille dut s’éteindre à cette époque, car l’histoire n’en fait plus mention. Quelque drame terrible se passa peut-être derrière les remparts de ce château et amena l’anéantissement de la vaillante race des seigneurs de Caderone.

            Le château de Caderone ne fut pas détruit par l’armée de la croisade. Il parait que Pierre ou Perrot de Voisins l’avait conservé comme manoir seigneurial où il résidait au commencement du quatorzième siècle, peut-être en attendant que le château de Rennes fut restauré. Il existe, en effet, un acte de 1307 consistant en une transaction passée au château de Caderone, entre les syndics de Bugarach et Perrot de Voisins qui portait le titre de dominus de Rhedes, de Albeduno et de Bugaraggio – seigneur de Rhedes, du Bézu et de Bugarach.

            Le village fut également conservé.

            En 1357, les compagnies de routiers firent les plus grands ravages dans le Languedoc, elles détruisirent plusieurs châteaux et villages du Rhedesium. Il est à peu près certain que c’est à ces bandes redoutables que le château et le village de Caderone doivent leur destruction ; car, à partir de cette époque, il n’en est plus question dans les documents relatifs au Rhedesium. Caderone ne figure pas parmi les paroisses de l’évêché d’Alet. L’ancien fief seigneurial de Caderone devint un simple domaine sous la mouvance des seigneurs de Rhedae.

            Il est difficile de préciser le point sur lequel était édifié le château féodal de Caseronne. Il s’élevait probablement aux bords de l’Aude sur une masse rocheuse qui s’avance sur le fleuve, à une petite distance de la résidence du propriétaire actuel de ce domaine. Quant au village, la place qu’il occupait est marquée par une propriété en culture qui porte une désignation significative ; elle s’appelle le Cimetière. Ce nom semble conservé pour perpétuer le souvenir d’une grande catastrophe.

 

 

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